Engrais azotés : une morte-saison fulgurante mais de courte durée
La morte-saison a commencé très fort à la mi-mai pour s’essouffler rapidement une fois les moissons commencées. D’après notre baromètre Agrodistribution-ADquation de juillet, trois agriculteurs sur cinq avaient déjà couvert une partie de leurs besoins.
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Après deux années compliquées en raison d’une hausse très forte des prix des engrais, les agriculteurs ont repris une tendance d’achat à la morte-saison plus traditionnelle cette année. D’après notre baromètre Agrodistribution-ADquation, 60 % d’entre eux ont acheté des engrais azotés à la morte-saison, contre 54 % en 2023 et 52 % en 2022. Et parmi eux, deux sur cinq assurent avoir acheté autant d’engrais que lors d’une campagne classique. Ce sont principalement des exploitants en grandes cultures (56 %), des producteurs du nord-est de la France (56 %) ou encore des agriculteurs ayant une SAU supérieure à 100 ha.
Des prix attractifs à la mi-mai
« Nous avons eu une morte-saison qui a démarré très fort, à la mi-mai, avec une importante vague d’achats, témoigne Nicolas Reverdy, directeur de Fertireco. Sur notre secteur, ce sont presque 100 % des agriculteurs qui ont acheté des engrais. » Pour lui, ce phénomène s’explique par des prix d’engrais attractifs : 327,50 €/t pour l’ammonitrate 33,5, 312,50 €/t pour l’urée et 213,50 €/t pour la solution azotée au 17 mai, et un prix relativement correct des céréales, autour de 240-250 €/t pour le blé tendre. Sur son secteur, les agriculteurs auraient ainsi couvert 40 à 50 % de leurs besoins. « Compte tenu des semaines que nous venions de passer avec une météo si compliquée, des semis d’automne catastrophiques et des semis de printemps difficiles, j’ai été agréablement surpris par cette belle dynamique », souligne Pascal Ramondenc, directeur d’Axso. « Nous avons retrouvé des prix pour les engrais beaucoup plus cohérents que lors des campagnes précédentes, et les volumes achetés ont été bien supérieurs à 2023 », complète Patrick Loizon, directeur de l’union UDCA.
Un coup d’arrêt depuis la mi-juin
Mais ce regain d’achats n’aura pas duré. « Dès que les agriculteurs ont commencé à sortir les moissonneuses pour les premières orges, il y a eu un fort ralentissement des commandes », poursuit Patrick Loizon. « Depuis la mi-juin, il y a eu une décorrélation entre le prix à la hausse pour les engrais et celui à la baisse pour les céréales », souligne Nicolas Reverdy. Conjugués à une récolte céréalière française catastrophique, ces facteurs expliquent le coup d’arrêt porté à la morte-saison depuis la mi-juin.
Incertitude à la rentrée
Quid d’un éventuel regain à la rentrée ? Pour Patrick Loizon, il faudrait un « élément déclencheur » pour faire revenir les agriculteurs à l’achat. « Le manque de trésorerie des exploitants et les marges insuffisantes ne devraient pas entraîner à la rentrée une vague d’achats comme nous l’avons connue au printemps, surtout si les prix des engrais et des céréales suivent les dynamiques de cet été », indique Nicolas Reverdy.
Également, les quantités très faibles semées dans certaines régions, notamment en Poitou-Charentes, ont entraîné un report important des assolements sur les cultures de printemps. « Les agriculteurs vont probablement attendre d’avoir des potentiels de rendements sur les maïs et les tournesols avant de réenclencher des achats d’engrais », précise Patrick Loizon. Désormais, la stratégie consiste à « prendre des engagements de petites quantités et à saucissonner les achats » pour « limiter au maximum l’exposition au risque ».
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